Les défenseurs de causes diverses et variées protestent de plus en plus souvent contre certains spectacles programmés par les équipements de spectacle vivant.
Retirer de l’affiche une œuvre controversée pour éviter une tempête locale ? Ou tenir bon au nom de la liberté de programmation ? Rares sont les responsables d’équipement culturels qui ne sont pas, un jour, confrontés à un tel dilemme.
L’enjeu n’est pas mince : « La censure, c’est empêcher une œuvre d’arriver à son public », rappelait Agnès Tricoire, avocate et présidente de l’Observatoire de la liberté de création, lors d’un débat sur la liberté de création et de diffusion, organisé aux Biennales internationales du spectacle de Nantes, en janvier. Or, les éclats provoqués par des associations ou des groupes de militants afin d’entraver la représentation d’un spectacle ou d’un concert se sont multipliés ces derniers mois.
« Stop aux intimidations ! » s’insurge le Syndicat des musiques actuelles (SMA), sur son site. Jeter un œil sur la longue liste des communiqués de l’Observatoire de la liberté de création suffit pour constater qu’il ne s’agit pas d’un épiphénomène. Et encore, elle ne rend compte que des cas les plus médiatisés, pas des pressions exercées à bas bruit. Ici, des courriers plus ou moins virulents adressés au responsable de l’équipement ; là, l’interpellation du maire par lettre ou en public ; ailleurs, un blocage de l’entrée de la salle ; parfois, ce sont des dégradations des installations techniques.
Liberté de création, liberté de programmation
Pourtant, comme la liberté de création, celle de programmation est protégée par les articles 1 et 2 de la loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, l’architecture et au patrimoine. Mais, dans les faits, les professionnels se retrouvent souvent entre le marteau et l’enclume. D’un côté, leur liberté de poser des choix artistiques les encourage à tenir tête aux censeurs. « Renoncer aux œuvres est une erreur, renoncer au débat est une faute morale », résume Loïc Lachenal, directeur de l’Opéra de Rouen Normandie.
De l’autre, le principe de réalité pèse sur eux, a fortiori lorsque les élus les soutiennent mollement, voire pas du tout. « Les incitations à déprogrammer peuvent venir du maire, du responsable des affaires culturelles ou du DGS, constate Vincent Roche Lecca, coprésident du Syndicat national des scènes publiques [SNSP]. Pour un programmateur, la nécessité de préserver son emploi peut parfois jouer. »
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